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Couleurs d'automne - Priska Soba

Éditeur : Publibook

Date de publication : 15 octobre 2018

Broché : 158 pages

 

L'auteur :

C'est une femme ordinaire passionnée par l’univers des mots, leur magie, leur capacité à nous émouvoir, nous entraîner en des lieux inconnus, fascinants.

C'est une auteure  souhaitant nous faire entrer dans son univers.

D'après elle, la littérature, et plus encore l’art sous toutes ses formes peut nous subjuguer, élargir notre horizon, et désire le partager avec nous.

 

L'histoire :

 

« Elle était mon enfant, ma prison de mensonges, mon enfer. Exilée, contrainte de vivre en recluse afin d'expier une faute que je n'avais pas commise, loin des hommes, sans avenir je suis demeurée. Comment aurais-je pu l'aimer ? Elle ne m'était rien. Elle n'était qu'une aberration dans un monde de douleur. » Après ses deux premiers romans, l'auteure compose cette fois-ci un récit dérangeant sur la haine d'une mère pour la chair de sa chair. Couleurs d'automne nous entraîne dans la vie d'une jeune fille de 16 ans, qui donne naissance à une petite fille suite à un viol. Elle n'aura alors plus qu'un seul désir : effacer jusqu'à l'existence même de cet enfant. La haine et la violence de cette mère auront-elles des limites ? Grâce à une écriture forte et sans concession, l'auteure aborde des thèmes aussi complexes que le rapport au corps, au masculin ou au sexe mais également ceux bien plus dérangeants de la violence et de la perversité. Un livre puissant qui ne vous laissera pas indifférent.

 

 

La structure du récit :

Il se déroule sur plusieurs d'années et laisse la place aux ressentis de plusieurs personnages sur un sujet grave : le viol.

 

Le sujet du livre :

Le "problème" posé par le roman est le viol d'une mineure avec une grossesse non désirée. La suite ne sera pas mieux car, sous l'influence de la communauté, elle devra garder cet enfant et sera jugée sans fondement et sans cesse. Divers réactions et sentiments peuvent survenir du côté de la victime, comme du côté du reste du monde. Dans la réalité, le viol est souvent gardé secret. Il importe d'en comprendre les raisons et de repérer les signes évocateurs afin d'aider les victimes à dire l'indicible et de restaurer leur intégrité. Dans cette fiction, c'est tout le contraire, impossible de garder le secret dans un village où tout le monde se connaît avec, en prime, aucune compréhension et compassion pour la jeune.

 

 

Les thèmes :

L’auteure aborde des thèmes qui sont difficiles et dérangeants :

- le viol,

- la grossesse non désirée suite à un viol,

- les principes moraux, religieux, ... de l'entourage,

- la mentalité arriérée de certains,

- le coupable non inquiété et la femme vu comme une pestiférée.

 

Les personnages principaux :

La narratrice :

Dévastée par la perte de son innocence et de ses rêves, elle considère cet enfant femelle comme un fruit pourri. Elle le contraint de vivre en reclus afin d'expier une faute qu'elle juge ne pas avoir commis. Elle le considère comme une graine malveillante, dû au fait qu'elle fut condamnée et jugée, devenu une paria par la communauté dont elle est issue. Elle déteste donc cet enfant et lui en fera baver. Elle distille son venin au jour le jour.

L'enfant non désiré :

Une fille qui naît au mauvais moment au mauvais endroit. Elle est méprisée par sa mère dépourvu d'instinct maternel, ignorée dans les bons jours, maltraitée dans les mauvais jours.  Elle a appris la résilience face à la colère et au mutisme de sa mère. Elle n'a pas le choix de n'avoir aucune larme, aucun sentiment, vide de toute émotion et avoir une indifférence face au quotidien. A l'école, ce n'est pas mieux.

 

Le décor :

Nous entrons dans le vif du sujet, c'est-à-dire avec le viol. Celui-ci est un acte d'appropriation sexuelle de l'autre dont le refus n'est pas reconnu, dont la parole n'est pas prise en compte. Le viol est une négation de la personne, de son identité, de sa volonté. La victime est traitée comme un objet, dont le violeur use et abuse. La culture ambiante montrent la domination masculine comme quelque chose de naturel, qui découlerait de la différence physique entre les hommes et les femmes. Il est fréquent aussi que le rapport sexuel soit présenté comme un droit de l'homme et donc comme un devoir de la femme. De nombreuses femmes, au quotidien, sont obligées de céder, contraintes par les coups, les menaces, les représailles, une humeur exécrable qui peut exercer une pression terrible. 

 

La tonalité et l'atmosphère :

L'atmosphère est sombre car l'auteure nous montre un exemple du devenir d'une victime de viol et de l'enfant qui en découle. Certains symptômes sont  mis en évidence comme l'amertume vis-à-vis des institutions sociales, l'altération de l'humeur comme la colère et l'agressivité disproportionnée envers l'enfant qu'elle a du garder et une évaluation très négative des rapports humains. En effet, sous l'influence morale de son village, c'est de sa faute et doit garder l'enfant.

 

Le style :

La plume de l'auteur nous emmène dans la vie de la narratrice, un exemple parmi tant d'autre, malheureusement. Cette victime, dont elle nous décrit la vie, arrive, dans un premier temps, à nous émouvoir puis, de fil en aiguille, à (limite) retourner notre veste. Pourquoi ? D'abord, nous pouvons être indignés par le viol et la morale douteuse de la communauté dont vit la jeune fille. Puis,  nous laisse dans des réactions mitigées car celle-ci aura des actions incompréhensibles. Certes, elle a des circonstances atténuantes mais suffisent-elles pour lui pardonner ces gestes ?! Il y a autant de réactions que de victimes différentes mais pouvons nous juger celle qui nous est présentée ?! Si nous n'avons pas vécu ce drame, nous ne pouvons pas comprendre le cheminement pris par le cerveau des victimes.

 

La place de l’œuvre :

Avec Couleurs d'automne, le débat sur le viol, les victimes, les bourreaux, la moralité de certains et tout ce qui va avec, va permettre "d'alimenter le débat" sur ce thème. Depuis toujours, des avis contraires s'opposent : des victimes qui ne le seraient pas, des violeurs qui n'en seraient pas car les femmes concernées l'ont bien cherchée,  des viols "en solo" ou "en tournante" justifiés pour certain.e.s et j'en passe. C'est malveillant de penser que la femme est forcément coupable de son viol et que l'homme ne fait que répondre à la demande (fantôme) de celle-ci.

 

Avis personnel et critique :

C'est un roman dur et sombre et cela fut compliqué de lire un roman au cours de lequel nous découvrons qu’une jeune fille de 16 ans est violée puis met au monde une fille. Cet être innocent (comme l'adolescente), qui lui rappelle au fil du temps, ce qu'elle a du subir. Cette même personne qui désocialise son enfant et lui payer ce qu'elle a enduré. Cet enfant qui grandit sans amour et avec des coups incessants de sa marâtre, elle lui inculte la haine des hommes et le dégoût d’être née fille.

Dans l'ensemble, le roman est bien écrit et laisse à réfléchir. Le petit bémol est, qu'à certain passage, j'avais l'impression de répétition dans les explications.

 

N'ayez pas peur de ces couleurs d'automne pour comprendre la douleur des victimes.

Tag(s) : #SamediDeCommenter, #Viol, #Grossesse
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