Histoires d'homme de Thierry Jaegle
- Poche: 241 pages
- Editeur : AFNIL; Édition : 2 (23 mars 2015)
L'auteur :
Écrire un roman, pour l'auteur, lui permet de dévoiler quelques facettes de sa vie, tout en les dissimulant derrière une fiction. Un véritable confort pour répondre au besoin de se raconter sans chercher à témoigner. A la suite d'un parcours professionnel, de près de vingt ans aux antipodes des "lettres", il s'est essayé au jeu de l'écriture. Les introductions du roman rappellent son attrait pour la poésie. Se dévoiler un peu, tout en mêlant ses expériences à des faits de société, se raconter sans témoigner et laisser livre cours à son imagination, tel est le final de cette histoire. Tout y est rédigé pour s'interroger sur nos actes, nos comportements dans le but de se sentir un peu moins seul face à leurs conséquences.
L'histoire :
Histoires d'hommes naît d'un fait divers médiatisé qui va bouleverser Nicolas, un jeune quadra, en le confrontant brutalement à son passé. Un vieil homme est victime d'un accident de la route et devient amnésique. Le capitaine Joly et un jeune journaliste, Didier Moreau, se chargent d'identifier la victime et retrouvent son fils qui n'est autre que Nicolas. Mais c'est sans compter que ce dernier n'a pas revu son père depuis trente ans... Le cœur de cette histoire est le reconstruction qui, pré-adolescent, a été abandonné par son père.
La structure du récit :
Le récit se déroule sur plusieurs jours, le temps d'une enquête, de prime anodine, et qui prendra des proportions inattendues. Un épilogue, se déroulant un an après la fin du dernier chapitre, clôture le roman.
Le sujet du livre :
Il est intéressant d'intégrer la vie de Nicolas au moment où son père débarque après trente ans d'absence et sans donner de nouvelles. L'enjeu de la narration fut bien rempli en nous distillant au compte gouttes comment les non-dits et les secrets de parents peuvent nuire à leur enfant sur le plan psychologique sur le long terme. L'enjeu sera de découvrir si le père se décidera à se confesser et, si oui, les impacts qu'ils auront sur la vie de famille de Nicolas.
Les thèmes :
- les non-dits familiales,
- les secrets acides,
- des faux semblants qui laissent sur le carreaux.
Les personnages principaux :
Nicolas Laedge : Depuis quarante-deux ans, il a des réveils difficiles. Parfois, il a des vagues de nostalgies de ses 20 ans, de sa rencontre avec Florence qui a mit fin aux cercle non vertueux dans lequel il était. Il ne fait jamais de grasse matinée car il n'a pas de temps à perdre. Il a du se construire à partir des répliques maternelles. Sa nature angoissée vient d'une grande partie de cette période d'absences de père et de repères a fait le reste pour un passage à une vie d'adulte très difficile.
Jules Laedge : c'est un vieil homme (quatre-vingt ans) rattrapé par la maladie et il lui reste peu de temps pour affronter la réalité et tenter de trouver le pardon. En chemin, il aura un accident de voiture et deviendra "l'inconnu de Mormant". Il est originaire de Chaumont en Haute Marne (Alsace). Il fut marié en 1963 avec madame Brard, un enfant puis divorcent dix sept ans plus tard.
Florence : Un fils de six ans, Tiefen, qui est sage et loquace. Elle a décidé de faire une pause car quelque chose ne tourne pas rond dans la relation avec Nicolas. Il reproduit avec elle ce que sa mère lui avait infligé : un silence pesant et destructeur. L'ennui s'est installé près de lui car il manque de fantaisie, une routine bien huilée pour oublier le reste qui ne l'a jamais lâché et a fait se dresser un mur entre eux.
Le capitaine Joly Pierre : Il est d'une stature proche d'un rugbyman, en impose malgré ses cinquante cinq ans. C'est un contraste car il émane de la force d'un point de vue physique et ses traits émanent de la douceur. Il est brusque dans ses interrogatoires mais a un fond empathique. Il y a cinq ans, il a perdu femme et enfants dans un accident. Il n'y est pour rien mais il est bourré de remords dans ses attitudes passées.
Le décor :
Pour décrire le décor, je ne fais que reprendre l'avant-propos savamment écrit par l'auteur : "Le décor du roman est la reconstruction difficile de Nicolas qui, préadolescent, a été abandonné par son père. Elle fut inspirée par l'histoire de l'auteur. Mais les circonstances du drame vécu par le personnage ne sont pas celles de l'écrivain ni celles de ses proches. Seul point commun, les conséquences de son traumatisme sont comparables à celle qu'il a du soigner. Il a fallu du temps pour les comprendre et les coucher sur le papier. Ce roman est un plaidoyer contre les non-dits, l'injustice et l'intolérance."
La tonalité et l'atmosphère :
Ces deux choses sont bien présentes, dû au fait d'une part inspirée par la vie du romancier. C'est donc une atmosphère particulière et réaliste que nous sommes emmenés à lire. D'autant plus que cela peut toucher une partie du lectorat, étant plus ou moins dans le même cas de figure que lui. Les non-dits et les secrets de famille laisse des empreintes (presque) indélébiles sur certains membres et ces derniers peuvent reproduire certains schémas nocifs. Ici, Nicolas essaye de se reconstruire quand il revoit son père dont il est la cause (son enfance fut brisée et une adolescence difficile).
Le style :
La figure de style est réaliste sans être intrusive. Elle amène le personnage principal à faire une introspection de son passé via l'arrivée de ce père méconnu. Comment lui faire confiance alors que toute sa vie, sa mère lui disait : "ce n'est qu'un coureur de jupons. Oublie le. Pour nous, il est mort." Mais aussi : "Surtout, je t'en supplie, ne deviens pas comme lui." Ce presque inconnu a fait de Nicolas un angoissé de la vie et un routinier déprimant. Il est intéressant de le voir évoluer depuis l'apparition de son géniteur. D'autant plus que deux enquêtes sont menées en parallèle : pendant qu'une enquête policière va lui mener la vie dure, l'enquête journalistique va lui faire mettre des œillères. Cette partie est soit subtile, soit intrigante. Pour ne rien arranger, tout cela arrive à un moment de sa vie où sa femme le met presque au pied du mur en faisant "une pause".
La place de l’œuvre :
Elle a un lien avec les thèmes cités plus tôt. Comment un enfant peut il se construire avec des non-dits et des secrets familiales ?! Comment réagir quand la vérité finit de sortir de sa cachette ?! Plusieurs "cas de figure" existent et chacun réagit différemment selon son caractère. Cette œuvre laisse à réfléchir sur les tenants et aboutissants, que ce soit sur "les faits divers" et plus précisément sur l'exemple donné ici.
Avis personnel et citations :
Dans son ensemble, j'ai aimé lire "Histoire d'hommes". Des sujets qui laissent à réfléchir, notamment du manque de communications qu'il peut y avoir au sein d'une famille. Celle-ci peut faire autant de ravage (voire plus ?) que la vérité dite en temps et en heure. Vous pourriez me dire : "comment se construire quand on apprend cette vérité en temps voulu ?!", "ne vaut il pas mieux de ne rien savoir ?!". Je suppose que c'est plus facile à faire un travail de construction quand on connait la vérité assez tôt plutôt que plus tard quand la vérité explose en pleine face (tôt ou tard, cela arrive). Les enfants ressentent les non-dits et peuvent manqué de confiance en eux et / ou chez les autres, être angoissés ou autres sentiments de ce genre.
Allez vers cette histoire d'hommes qui ne laisse pas indifférent.
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Les tribulations d'un auteur sans éditeur.
Les tribulations d'un auteur sans éditeur. 157 likes · 1 talking about this. Ici nous échangerons sur nos parcours respectifs d'auteurs. Mes galères comme les vôtres peuvent y être racontées...