Il était deux fois – @fthilliez

9 Octobre 2020

Il était deux fois – Franck Thilliez

Nombre de pages : 506

Edition : Fleuve noir

L’auteur :

Franck Thilliez est l'auteur de plus d'une dizaine de romans, parmi lesquels Atomka, Le Syndrome E et, plus récemment, Pandemia. Lauréat du prix Étoiles du Parisien-Aujourd'hui en France pour le meilleur polar 2014 avec Angor, il confirme sa place de pilier du thriller français et continue d'alterner one-shots et enquêtes menées par son couple phare Lucie Henebelle/Franck Sharko.

Adapté au cinéma pour La Chambre des morts (prix SNCF du polar français), Franck Thilliez est aussi scénariste.

En 2016, le Palais de Tokyo lui commande une nouvelle, publiée chez Fleuve Éditions, dans le cadre de l'exposition « Double Je ».

Ses livres sont traduits dans le monde entier.

L’histoire :

En 2008, Julie, dix-sept ans, disparaît en ne laissant comme trace que son vélo posé contre un arbre. Le drame agite Sagas, petite ville au cœur des montagnes, et percute de plein fouet le père de la jeune fille, le lieutenant de gendarmerie Gabriel Moscato. Ce dernier se lance alors dans une enquête aussi désespérée qu'effrénée.

Jusqu'à ce jour où ses pas le mènent à l'hôtel de la Falaise... Là, le propriétaire lui donne accès à son registre et lui propose de le consulter dans la chambre 29, au deuxième étage. Mais exténué par un mois de vaines recherches, il finit par s'endormir avant d'être brusquement réveillé en pleine nuit par des impacts sourds contre sa fenêtre...

Dehors, il pleut des oiseaux morts. Et cette scène a d'autant moins de sens que Gabriel se trouve à présent au rez-de-chaussée, dans la chambre 7. Désorienté, il se rend à la réception où il apprend qu'on est en réalité en 2020 et que ça fait plus de douze ans que sa fille a disparu...

La structure du récit :

Il se déroule sur plusieurs jours. Il débute un instant en 2008 puis saut en 2020 pour l’essentiel de l’histoire.

Le sujet du livre :

Quand un père, gendarme de son état, se retrouve face à la disparition de sa fille, il va mener deux enquêtes (officielle et officieuse) pour la retrouver au plus vite. Mais le temps va lui réserver une bien mauvaise surprise. Cette enquête lui coûtera à divers niveaux.

Les thèmes :

Disparitions,
Enquête,
Lieux obscurs,
Rebondissements,
Rencontres improbables.

Les personnages principaux :

Gabriel Moscato : en 2008, il est marié, vit à Sagas comme lieutenant de gendarmerie d’un mètre quatre-vingt-dix et recherche sa fille disparue. En une nuit, il est catapulté en 2020. Il se découvre vieilli, différent, ex-gendarme, vivant dans le Nord de la France et vivotant entre différents travails. Il a le crâne rasé, un bouc poivre et sel, des pattes d’oie au coin des yeux. Son corps est plus sec, plus effilé, avec les os de la clavicule saillants. Des yeux en amande. Il va se retrouver déboussolé car il se découvre une amnésie de douze ans.

Julie : fille de Gabriel, dix-sept ans. Pendant plusieurs étés, elle travaillera dans l’hôtel de la Falaise. C’est une gamine de la montagne, amoureuse des échecs, de la nature et du cinéma. Son appareil photo ou sa caméra numérique sont toujours au poing. En 2008, elle va disparaître sans laisser de traces. Beaucoup de questions face à cet évènement : est-ce voulu ? est-ce un accident ? est-ce un kidnapping ? Autre ? C’était une jeune femme aimant s’entrainer en VTT sur les pentes trois fois par semaine pour préparer une course à Chamonix prévue en juillet.

CNE Paul Lacroix : officier de gendarmerie de cinquante-deux ans. Il sera en charge de l’enquête de la victime découverte et celle-ci amènera son lot de déconvenues, en soulevant des secrets enfouis. Il boite méchamment de la jambe droite. Gabriel y est pour quelque chose. Marié avec l’ex-femme de Gabriel. Quand il va revoir Gabriel, il ne lui sera pas d’un bon accueil.

Louise : fille de Paul et jeune gendarme. De longs cheveux, des joues pleines. Elle habite dans un appartement de fonction de la gendarmerie. En couple avec David (il travaille dans les pompes funèbres et assiste le médecin légiste). Ce dernier est mal vu par son beau-père. Pendant son adolescence, elle était amie avec Julie et était régulièrement fourrées ensemble.

ADJ Martini : chef d’équipe en second. C’est un bon enquêteur mais il aura du mal à avancer avec l’enquête en cours, étant donné que Paul fait de la rétention d’informations.

Le décor :

Il se situe principalement à Sagas. C’est un creuset de treize mille habitants, encastré dans les montagnes à coup de pieu par un fondateur quelconque. Un centre pénitencier est situé en périphérie de la ville où deux mille prisonniers y « résident ». Le tourisme est inexistant, avec la prison, l’hôpital, le Tribunal de Grande Instance et une gendarmerie remplaçant les stations de ski.

Pour les besoins de l’enquête, le décor se déplace à Paris, Lyon et le Nord de la France. Il s’expatrie aussi en Belgique et en Pologne.

La tonalité et l’atmosphère :

Une atmosphère noire et obscure. En effet, dans le cadre de son enquête, Gabriel va se retrouver face à des révélations (en file indienne) qui mettra mal à l’aise plus d’une personne. Toute l’enquête, de A à Z, me fait penser à l’expression « l’effet papillon » : le battement d’ailes d’un papillon au brésil peut-il provoquer une tornade au Texas ? » ou comment la théorie du chaos prend tout son sens ici. Les dommages collatéraux seront nombreux et auront beaucoup de maques indélébiles.

Le style :

Le style de l’auteur est toujours aussi captivant. Je n’ai lu que les trois quarts de ses livres et il reste aussi maîtrisé. Il est fidèle aux codes du genre.

L’histoire est comme un labyrinthe : vous pensez voir la solution / la sortie / un passage / … mais c’est une impasse. Elle est très bien ficelée pour vous perdre dans vos déductions et hypothèses. Car la vérité se dévoile petit à petit sous vos yeux et ne vous laissera pas indemne.

Les personnages sont déjà, plus ou moins, écorchés par la vie ou leur travail respectif. Certains le deviendront encore un peu plus avec l’enquête policière en cours.

La fin et l’épilogue sont juste énormes. Quand nous avons enfin toutes les pièces du puzzle, nous nous rendons comptes de certaines choses impensables.

L’ensemble est bien maîtrisé, tout en « baladant » les lecteurs en lui faisant faire des hypothèses, qui s’avéreront erronées ou pas trop loin de la vérité si ce sont des « experts ».

Avis personnel :

J’ai appris à connaître le style de l’auteur avec les romans suivants : « la mémoire fantôme », « la chambre des morts », « l’anneau de Moebius », « Fractures », « Vertige », « Puzzle », « Rêver », « le syndrome E » et « le manuscrit inachevé ».

« Il était deux fois » est dans la lignée de ceux dont j’ai aimé lire (la mémoire fantôme, l’anneau de Moebius, Vertige et Puzzle). Je n’ai pas pu résister à tenter de faire des hypothèses mais je n’ai pas su être au plus près de la vérité. Cela ne m’a pas empêché d’être hypnotisée par le livre, au contraire.

Je recommande fortement.